Le 1er décembre 1925 naît Simon Cocu à Neufmanil (Ardennes) dans une famille ouvrière.
Il réalise ses premiers pastels secs à l’initiative de son instituteur en 1936-37 : des oiseaux naturalisés dessinés, non pas en copiant des photos, mais « sur le motif ». Depuis lors, il n’y aura jamais d’interruption.
L’exode de 1940 et la réquisition du personnel de l’usine de son père pour fabriquer des obus à Toulouse sera la cause de son séjour de quatre années dans cette ville.
Au Lycée Pierre-de-Fermat, un professeur de dessin, Maurice Mélat le remarque et l’encourage. Professeur aux Beaux-Arts, décorateur au théâtre du Capitole, peintre de talent, il saura lui communiquer sa passion.
De retour dans les Ardennes en 1944, Simon Cocu croque et peint ce qu’il a sous les yeux, c’est-à-dire surtout les paysages mais aussi le métier en voie de disparition : l’artisan forgeron.
Abonné au journal national « Arts », il se nourrit de toutes les tendances picturales qui foisonnent alors. Il achète des tubes de peinture à l’huile et peint sur des cartons, des couvertures toilées de vieux registres ou sur Isorel, support qu’il utilise encore aujourd’hui car « propice aux grattages sévères ».
Après de brillantes études secondaires, Simon Cocu entame, dans les Ardennes, une carrière au sein de l’Éducation Nationale avec le poste d’Instituteur (1945-1958) et poursuit en tant que Professeur de mathématiques et de sciences au collège (1958-1968). À partir de 1968, il est nommé Directeur de collège, puis Principal et termine sa carrière en 1981 au poste de Principal-adjoint.
Simon Cocu peint depuis l’adolescence et n’a jamais cessé. La retraite lui permet enfin de se consacrer à temps plein à sa passion de toujours.
Déjà en 1950, il participait aux expositions comme sociétaire de l’Union Artistique des Ardennes. C’est l’époque des Jean Deville, Élisabeth de la Mauvinière, Croison, Plateau, Ardenne, Fieullien, Lambert-Lamy et des invités célèbres comme Jacques Villon, Pierre Guastalla, etc.
Après une longue période de recherches et de tâtonnements — l’œuvre « La Forêt » témoigne d’une période constructiviste — Simon Cocu estime vers les années 1960-70, qu’il serait plus sage de revenir à une peinture moins ambitieuse, plus simple et plus réaliste avec deux principaux thèmes : le fer et la forêt.
« Si le premier thème autorise un penchant expressionniste, le second flirte avec l’abstraction. C’est ce qui me convient, d’autant plus que le monde infini des techniques a de quoi renouveler les motivations qui empêchent la routine. Un même sujet peut être traité de mille façons ! »
Simon Cocu
Plus de soixante-dix ans de peinture et plus d’une soixantaine d’expositions collectives ou personnelles, surtout dans les Ardennes, mais aussi à Nevers, Euskirchen, Prüm, Luxembourg, Virton, etc. C’est aussi une vingtaine de participations en tant qu’illustrateur de romans comme ceux de Jean Rogissart, ou de poèmes comme ceux de Saint-John Perse, sans oublier la revue culte « Terres Ardennaises ».
Simon Cocu est l’artiste de plus de 500 œuvres réparties dans des collections particulières, des établissements publics : École maternelle de Monthermé, une fresque à la Maison de retraite de Bogny-sur-Meuse, de peinture à l’espace Pelletier de Nogent, au collège de Monthermé et à l’Hôtel-de-Ville de Nouzonville où il réside.
« Sa peinture est toute pleine de ce pays de brumes et de branches, de rochers rongés d’hivers et de vieillesse, de landes frissonnantes et de futaies où renaissent infiniment les saisons.
Ici, le sol est pauvre et la vie est austère. Ici, vivent des hommes durs au mal, plus rudes que le sanglier, leur légitime emblème, plus fiers et robustes que leurs arbres séculaires. Tout cela anime l’œuvre de Simon C.
Ajoutez-y le souffle du vent dans les bruyères, l’odeur des résineux au printemps ou de la neige fraîche au petit jour.
Ajoutez-y l’âme de ces forgerons et fondeurs surpris dans leur travail de titans, maniant la magie du feu dans des lueurs d’apocalypse.Simon C. sublime la réalité de son terroir d’une griffe tantôt impétueuse, tantôt d’une sensuelle délicatesse mais toujours animée de la même passion qui nourrit son art.
Vincent Delire – Animateur Arts plastiques CCR Action-Sud.
En coloriste fervent épris de contrastes drus, en amoureux des lumières véhémentes ou diffuses, d’une main énergique et sûre, Simon C. nous emmène en son pays d’Arduinna dont il est le fils comme les André Dhôtel, Michel Gillet et autres Franz Bartelt, ses frères de race. »
En 2016, la galerie Stackl’r à Sedan a proposé une grande rétrospective de l’œuvre du paysagiste Ardennais Simon Cocu, autour du poème « Neige » de Saint-John Perse.
« Résumer 60 ans de peinture en quelques lignes parait une véritable gageure pour présenter cet artiste très justement qualifié et reconnu comme le « peintre des Ardennes
Chantre de ce beau pays, taiseux comme cette nature âpre, sa peinture des paysages est pleine de brumes, de matins neigeux, de ciels bas, de rochers rongés, d’arbres dépouillés, de l’odeur des résineux et de la forêt Ardennaise au printemps.
Coloriste exigeant, sa palette explose de rouges flamboyants quand il peint les crassiers, les forgerons et les fondeurs surpris dans leurs gestes de labeurs dans une lueur d’apocalypse de métal en fusion.
Simon Cocu sublime mieux que quiconque la réalité de son terroir.
Depuis quelques années, ses recherches l’entraînent progressivement vers la limite extrême de la figuration, dépouillement du trait, simplification de la palette souvent réduit à un jeu de noir et blanc pour traduire ce sol pauvre, cette vie austère et… la forêt toujours avec ses arbres séculaires comme un thème récurrent, obsédant.
Ses œuvres sont présentes dans de nombreuses collections privées et publiques, le Musée de l’Ardenne à Charleville-Mézières possède une douzaine de toiles de l’artiste et plusieurs centaines de ses dessins. ».
Alain Bozetti, gérant de la galerie d’art Stackl’r à Sedan
Remerciements
Nos sincères remerciements à Monsieur Simon Cocu qui nous accorde le droit de reproduire ses œuvres sur ardennes-toujours.fr.
Nos remerciements également à Monsieur Jacques Lambert, Président de « Terres Ardennaises », d’avoir bien voulu être, au départ, notre précieux intermédiaire avec l’artiste Simon Cocu.
À Monsieur Jean Clerc qui nous a fait découvrir l’œuvre « La forêt ».
Citations reproduites avec l’aimable autorisation de leurs auteurs : messieurs Vincent Delire et Alain Bozetti.
Sources
Site web http://simoncocu.free.fr
Correspondance avec l’artiste.
Pour aller plus loin
Peintures de Simon Cocu, Textes de Jacques Théret, Éditions Terres Ardennaises.
Simon Cocu Maître-peintre, Texte de Claude Carton, Éditions du Mont-Jeux.
Maurice Mélat, une vie pour le théâtre, article du journal La Dépêche.
Maurice Mélat (1910-2001), hommage de la Société des Artistes Méridionaux.